« Tout désir, même celui de parler, est un désir de vivre. » Hubert Aquin
Avec le temps, je me suis plus rendue compte que le désir n'était pas tellement lié à l'objet. C'était lié à ta façon de désirer. J'ai au moins deux grandes façons de désirer. Un désir, qui est plutôt de l'ordre de la pulsion, quelque chose à très court terme. Et des désirs qui sont un peu plus réfléchis et qui sont à plus long terme.
Le désir plus construit, c'est une sensation latente, qui est beaucoup moins pulsionnelle. Moins violente aussi, mais pas moins intense quelque part. Je vais prendre un exemple récent. J'ai fait une soirée pyjama avec trois de mes meilleurs amis que je n'avais pas vus depuis longtemps. Surtout dans ce type de contexte, de paranoïa autour du Covid, du fait qu'il faut pas se toucher. Moi quand je vois mes amis, j'ai plus ces règles là. Je crois que la peur tombe. J'ai juste eu envie de les serrer dans mes bras hyper hyper fort. Et j'ai été submergée par ce besoin de les toucher, ce besoin d'être en contact et de... communiquer par la peau. Et c'est ça pour moi être submergée par une émotion et par le désir, c'est se laisser aller à ça...
Skin Hunger...
À l'origine, c'est une chanson que j'avais commencée à écrire pendant le premier confinement 2020, parce que j'étais confinée seule. Ma plus grande peur, c'était de ne toucher personne. Donc, Skin Hunger disait juste que j'avais faim de peau. Et puis j'avais envie d'aborder la sexualité d'un point de vue féminin. Que ce soit ni crade, ni spécialement choquant, mais assez direct. De dire qu'en tant que nanas, on a aussi des désirs, ils peuvent être aussi sexuels, et qu'on peut mettre en avant ce type de sensualité-là. C'est la volonté d'entrer en contact direct, peu importe le type de rapport physique que ça peut être. Ça peut être de la douceur, de la tendresse, de la violence, de la passion, de l'amitié.
C'est une façon de remettre au centre l'humanité. La place de l'artiste est aussi de questionner la société, d'être là pour dire « attention, il se passe tout ça ». On nous impose une vision du corps, de la féminité, de la sensualité, de l'humanité, qui n'est peut être pas la nôtre... »
Thérèse
Crédit photo : Alexis Fauvet
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