« Si tu ne sais pas quoi faire de tes mains, transforme-les en caresses. »
Jacques Salomé
Longtemps ignorées par les scientifiques, les vertus du toucher ne sont plus à prouver. Elles sont d’ailleurs étudiées de près par les scientifiques. Car au même titre que l’eau, la nourriture ou la respiration, les caresses et autres contacts physiques sont vitaux pour l’Homme. On vous dit tout sur les secrets de ce sens hors du commun.
Aucun mot, aucune phrase, aucun son ne traduisent mieux une émotion que la douceur d’une caresse. Plus encore, la science a prouvé à de maintes reprises que les contacts physiques permettent de soulager une douleur, d’allonger l'espérance de vie ou même de renforcer le système immunitaire. Le toucher, sens délaissé, mérite qu’on lui prête un peu plus d’importance.
Le toucher : un sens vital pour notre survie
Le toucher est le premier langage que l’être humain apprend. En effet, c’est par les liens corporels que se construit le lien social. Le toucher, les caresses, les contacts physiques ou encore les “papouilles”, comme certains les appellent, déclenchent de la joie, du désir, un sentiment de sécurité ou parfois au contraire, de la peur. Le toucher nous sert également à tisser et consolider nos relations sociales, à découvrir l’amour ou l'amitié.
Ce sont les différents récepteurs de notre peau qui nous informent, presque en temps réel, de la nature du contact physique qui nous parvient :
- Est-ce un contact physique bienveillant ou hostile ?
- Dois-je me protéger ou apprécier le moment ?
Ces récepteurs, qui sont des millions, font réagir le corps en produisant de la chaleur, du froid, une pression ou une excitation. Ils transmettent ensuite l’information sur la nature du toucher au cerveau via des fibres nerveuses.
Le toucher : un rôle essentiel dans la transmission de l’amour parental
De la naissance à l’enfance, le toucher est indispensable au bon fonctionnement du futur adulte. Il joue un rôle fondateur dans la transmission de l’amour parental et permet le réconfort : un sentiment important dans la vie future puisqu’il adoucit le stress et la peur.
Le toucher participe au tout premier réconfort du nouveau-né : celui d’être porté dès ses premières secondes de vie extra-utérine dans les bras de ses parents. Le toucher est, en quelque sorte, notre premier sens, ou du moins celui qui rentre le plus rapidement en jeu dans notre connexion au monde et aux autres.
Les premières caresses entre les parents et leur bébé sont donc extrêmement importantes. Au début de sa vie, le nouveau-né ne voit pas bien et n’entend pas bien. Le toucher est le sens qui est le plus en alerte. C’est par, et avec, le toucher qu’il prend contact avec le monde et parvient à être apaisé hors du ventre de sa mère.
Dans les années 50-60, câliner un bébé était mal interprété. Aujourd’hui, de nombreuses expériences réalisées sur des animaux, plus précisément sur des primates, ont prouvé le contraire. Le test a été effectué sur des chimpanzés. Ceux qui n’étaient pas assez touchés et câlinés sortaient de l’enfance avec des lacunes en apprentissage, des troubles mentaux et même des retards de croissance.
Le toucher : l’allié des relations sociales et de l’amour
Le toucher est notre manière la plus immédiate d'interagir avec le monde extérieur et les autres. Ce sens a donc une vocation sociale. Le corps humain est doté de milliers de récepteurs et fibres nerveuses qui permettent, via le toucher, de se relier aux autres.
Lorsqu’une caresse nous est agréable, des hormones sont libérées. On pourrait dire que le cerveau produit en quelque sorte ses propres “drogues” : de l’endorphine et de l'ocytocine. Cette dernière joue un rôle essentiel dans nos relations aux autres et dans la construction des liens durables avec les êtres humains.
Le toucher porte en lui un second potentiel, celui du plaisir sensuel. Il est donc essentiel dans l’amour adolescent et adulte. En contact avec notre surface corporelle, le toucher a le pouvoir de combler tantôt nos besoins de réconfort tantôt nos besoins érotiques.
Beaucoup d’études prouvent que l’exploration naturelle, sensuelle et intime de notre corps lorsqu’on est jeune, est fondamentale à la capacité d’éprouver du plaisir lorsqu’on est adulte. Inversement, une intrusion traumatique de ces zones du corps à un jeune âge, peut condamner la capacité à éprouver de plaisir, le corps fermant la porte à cette voix considérée malsaine, coupable, honteuse, effrayante ou douloureuse.
L’amour recouvre un ensemble de processus complexes. Il portait, il y a encore peu, la lourde responsabilité de la survie de l’espèce. Aujourd’hui, en dissociant « amour » et « reproduction », on ouvre ainsi la porte à notre potentiel amoureux. L’amour dans tous ses états, voilà ce que l’humanité a fait de mieux sur cette terre. Amour exclusif, amour inconditionnel, polyamour, amants, homosexualité... sont les témoins des combinaisons infinies de l’amour. L’amour véritable, dissocié de tout but purement reproductif, est donc possible aujourd’hui, à condition d’y accorder la bonne dose de désir et de soin. Pour ce faire, le toucher s’avère être un allié de taille...
Covid-19 et contacts physiques
La pandémie que nous venons de vivre a-t-elle modifié nos rapports physiques et sociaux ? Pour le moment, il est encore trop tôt pour l’affirmer. En revanche, les scientifiques sont unanimes sur le fait suivant : être privé de contacts physiques, que ce soit des caresses, des câlins ou des relations sexuelles, peut entraîner des problèmes physiques et/ou psychiques.
Jamais dans son histoire l’homme n’avait eu interdiction de toucher un autre être humain ou de limiter ses contacts physiques avec autrui. Cette situation inédite a prouvé que beaucoup de personnes seules et isolées avaient souffert d’addiction ou de troubles psychologiques. Quand nous sommes coupés des autres, notre corps se met en alerte et le risque de certaines maladies (dépression, infarctus, crise cardiaque) s'accroît.
Alors ne laissons plus jamais le toucher de côté…