Le blog de Stream Affect

S'épanouir dans la différence

« La différence est cette chose merveilleuse que nous avons tous en commun. » Nelly Biche

Elodie : Moi j’étais un enfant hyper scolaire. Mais par contre, j’étais un enfant hyper hyper sensible, hyper timide. Et pendant des années, j’ai parlé à personne d’autre qu'à ma sœur. J'étais juste paralysée à l’idée que des inconnus puissent m’écouter. Mes lèvres tremblent, il n’y a plus rien qui sort de ma bouche. Du coup, j’ai gardé énormément de choses pour moi, pendant des années et des années.
A l’école, les profs disaient que j’étais une plante verte. C’était hyper dur en vrai. 

Hadrien : La manière dont l’école peut nous classer entre élèves, moi je me sentais clairement à l’écart à ce niveau-là. J’ai un souvenir en particulier qui me revient. Un prof de français qui n’a pas compris ma différence, parce que j’étais dyslexique, et m’a toujours dit que j’étais nul, et que j’arriverais à rien.

Elodie : Je me me rends compte à quel point ça marque. 

Hadrien : Oui, je m’en voulais de pas me fondre dans un moule.

Elodie : Parce que je ne me sentais pas du tout assez intéressante pour pouvoir raconter des trucs à des gens.

Hadrien : Parce que j’avais l’impression que ça venait de moi. C'est au fil des années que j’ai compris que ça venait pas que de moi.

Elodie : Et la musique a été une façon de changer, au-delà du regard qu’avaient les gens sur moi, le regard que moi j’avais sur moi.

Hadrien : C’est justement en pouvant m’exprimer, que j’ai réalisé que ce qu’elle disait n’avait pas d’importance. De comprendre et d’assimiler que cette différence peut être une force plutôt qu’une faiblesse. C’est tout un travail. Quand on travaille aujourd’hui avec Elodie, on se rend compte qu’on a envie d’exprimer beaucoup de choses…

Elodie : Et ça, c’est hyper récent. Raconter des choses en n’ayant pas peur de les raconter.

Hadrien : Cette envie de montrer qui on est vraiment, sans détour et sans tabou.

Elodie : Pendant des années, on a chanté en anglais puis en espagnol. Et là, le fait de pouvoir raconter des choses en français de façon hyper frontale, c’était un truc que je m’étais toujours interdit, parce que je trouvais ça hyper intime. Hyper intime et à la fois hyper libérateur parce que tu peux parler de choses que tu ne peux pas raconter forcément dans la vie. Je me suis rendue compte que ce qui me plaisait dans ce truc là, c’était le fait d’en parler avec aucun filtre, comme un enfant peut raconter une histoire, c’est-à-dire factuellement comment ça s’est passé.

Hadrien : Quand notre art prend forme, prend vie vraiment, je repense à ce moment-là en me disant qu’il y avait des moments de grande fierté où on voyait que les gens venaient pour nous. Les concerts, ce sont des moments forts. Très très intense. Il n’y a plus de question de différence, il n’y a pas de classement… Tout ça n’existe plus, tout est libre.

Elodie : Cette reconnaissance, je l’ai trouvé surtout aux yeux de mes parents, qui n’ont jamais validé le fait que je fasse de la musique. On a joué à Arles une fois, dans le théâtre antique, qui est un magnifique théâtre romain. Et c’était la première fois que mon père nous a vus en concert, et aux premières notes du concert, il a dit à ma mère « Bon je vais avoir besoin de mouchoirs ». Et il a pleuré pendant tout le concert…
D’avoir été à un moment reconnu(e) pour quelque chose que tu fais t’aide à en parler avec beaucoup plus de facilité.

Hadrien : Quand on reçoit de l’amour comme ça, on peut se dire que c’est une revanche sur certaines étapes de nos vies...

Ojos


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"S'épanouir dans la différence" par Ojos

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